- Cette learning expedition a été organisée par Google Cloud et RealChange -
La Silicon Valley est le principal écosystème de start-up au monde, fondé sur une culture qui encourage l'innovation, la pensée positive et le travail acharné. L'argent est l'une des clés de l'innovation, car les start-up s'efforcent toutes d'être le numéro un de leur secteur, avec pour objectif de gagner des milliards. Il existe une culture de l'action et le concept de "moonshot" pour repousser les limites du possible. Cependant, la récente pandémie signifie que la Silicon Valley est actuellement une ville fantôme, ce qui amène certains à se demander si l'innovation et la motivation perdureront. Malgré cela, l'ecosystème reste optimiste et pense que la Silicon Valley va de nouveau prospérer. Voici mon retour sur ma learning expedition. Bonne lecture.
Learning Expedition, le programme
Une learning expedition dans la Silicon Valley est un bon moyen pour avoir un aperçu de la culture et de la technologie de la région, en visitant des entreprises de pointe, des sociétés de capital-risque et des universités.
Ceci permet de toucher du doigt l'esprit d'innovation dans ce temple de la technologie, de développer de nouvelles stratégies de développement et de se créer un réseau pour d'éventuelles opportunités. Je le recommande chaudement.
Le programme de la Learning Expedition à laquelle j'ai participé :
- Visite de Google (échanges avec de nombreux Googlers)
- Visite de Bay View (nouveau Campus de Google)
- Visite de Stanford
- Visite de l'incubateur Plug and Play
- Visite de Turo
- Visite de Ideo
- Visite de Andreessen Horowitz
- Visite de Delancey Street Foundation
Les personnes marquantes rencontrées
Thomas Kurian, CEO de Google Cloud, la puissance tranquille
TK est le CEO de Google Cloud. J'ai été très impressionné par la personne. Je l'avais vu plusieurs fois sur scène, face à des milliers de personnes, sans être très convaincu par ses qualités d'orateur. Devant un comité d'une trentaine de personnes j'ai trouvé son allocution d'une très grande puissance. Il a une maîtrise exceptionnelle de l'écosystème cloud au sens large, il s'est adressé à nous avec précision et savoir. Il nous a fait l'honneur de nous livrer quelques annonces qui seront dévoilées dans les semaines à venir. Un grand personnage.
Saeed Amidi, fondateur de Plug and Play, le business man
Plug and Play est une plateforme d'innovation mondiale qui relie les start-up, les entreprises et les investisseurs. Elle a été fondée par Saeed Amidi, un entrepreneur et capital-risqueur irano-américain. Plug and Play offre des programmes de mentorat et d'accélération, des investissements en capital-risque et des partenariats d'entreprise aux start-up. Malgré plusieurs voyages dans la Silicon Valley, c'était la première fois que je me penchais sur l'univers des start-up ; jusqu'à maintenant, j'avais plutôt consacré du temps aux scale-up (entreprises de plus de 200 personnes).
Cet incubateur est un univers de 60 000 start-up qui a été parmi les premiers investisseurs dans des start-up comme Paypal ou N26. Il a aussi accueilli les fondateurs de Google à leur démarrage. Plus de 30 "licornes" sont passées par cet incubateur.
Saeed Amidi est un grand speaker, il expose ses idées avec simplicité et clarté. Il nous a dit qu'il souhaitait continuer à augmenter son écosystème de start-up en accélérant son déploiement en Europe et en France.
Les points que je retiens de cette visite de l'incubateur :
- Il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de start-up. Par exemple, une personne était chargée d'identifier, pendant un an, 30 nouvelles start-up par mois dans le domaine de l'ecoresponsabilité ; l'idée de cette quête était de comprendre les tendances et de détecter les projets à potentiel.
- Tout le monde pense "grand", l'objectif est de devenir le numéro un mondial.
- Il y a beaucoup d'argent injecté.
- Le seul critère de réussite est financier.
Huggy Rao - Professeur à Stanford, le show man
Huggy Rao est professeur de comportement organisationnel et de ressources humaines à Stanford. Il a écrit le livre Scale Up Excellence. C'est un vrai personnage, un professeur que tout le monde aimerait avoir. Ses propos sont simples et percutants.
Il a expliqué comment les organisations peuvent grandir sans faire de compromis sur la qualité ou renoncer aux avantages d'être une petite entreprise. Je lirai son livre.
Delancey Street Foundation
Delancey Street Foundation est une organisation caritative qui propose des programmes de réinsertion aux personnes qui ont connu la rue, la toxicomanie ou l'incarcération. La principale mission est de fournir aux individus les compétences et les ressources nécessaires pour faire la transition vers une vie libérée de leurs luttes passées.
La Fondation propose un traitement résidentiel à long terme, une formation à l'emploi, une éducation, une formation professionnelle, des conseils en matière de toxicomanie et une gestion financière.
Elle est guidée par la conviction que chacun mérite une opportunité de changement, quel que soit son passé.
Cette organisation, fondée par Mimi Silbert, a réinséré plus de 20 000 personnes dans la société sans aucune aide de l'État.
Cette visite fut un moment très fort, la rencontre avec les résidents fut très émouvante. La gestion et le mindset rappellent l'esprit de la Valley : ambition, ne jamais lâcher et rester positif.
André Haddad, fondateur de Turo, Sky is the limit
André Haddad est un entrepreneur franco-américain. Il est le fondateur de Turo, spécialisé dans la location de voitures, ainsi que de l'entreprise de commerce électronique iBazar, qu'il a vendue à eBay en 2001. Après avoir passé 10 ans chez eBay, il a fondé Turo en 2012.
André pense que la résilience, la positivité, l'ambition et la bienveillance sont tous des ingrédients essentiels pour réussir dans l'entrepreneuriat. La résilience est essentielle pour un entrepreneur qui rencontre des revers et des échecs ; par exemple, il a dû se séparer de 50% de ses effectifs durant le confinement. Au lieu de laisser ces situations difficiles les décourager, les entrepreneurs résilients trouvent un moyen de se relever et de continuer à avancer.
La positivité est une autre qualité importante pour les entrepreneurs. Garder un état d'esprit positif et optimiste aide les entrepreneurs à rester motivés et inspirés, tout en les incitant à atteindre leur objectif. L'ambition est la pierre angulaire des entrepreneurs qui réussissent, André souhaite réaliser plusieurs dizaines de milliards de CA dans quelques années. Savoir ce que tu souhaites atteindre et être prêt à travailler dur pour y parvenir est la clé pour accomplir quoi que ce soit. Enfin, pour lui, il faut bien connaître le problème qu'on essaie de résoudre - en être "amoureux" aide à avancer dans la bonne direction.
Quelques notes sur l'écosystème de la Silicon Valley
L'écosystème des start-up de la Silicon Valley est mondialement connu et réputé pour être un foyer d'innovation et de créativité. L'Université de Stanford peut être considérée comme le cocon de cet écosystème, avec de nombreux étudiants qui arrivent dans le seul but de créer une entreprise durable et prospère.
Le principal moteur de l'écosystème des start-up de la Silicon Valley est l'argent. C'est le critère principal utilisé pour mesurer le succès.
Il y a une rigueur dans la prise de décision qui est orientée vers l'efficacité et pas forcément toujours empathique. Ceux qui réussissent le font en grande partie en réinjectant les gains dans le système, créant ainsi un cycle de réussite.
Les start-up de l'écosystème de la Silicon Valley cherchent toutes à devenir le numéro un dans leur domaine, en pensant non pas en millions, mais en milliards. De plus, les conversations à travers la Vallée démontrent un désir général et sous-jacent d'innovation.
État d'esprit / culture
La Silicon Valley a acquis une renommée mondiale en tant qu'épicentre de l'innovation technologique, et a établi son état d'esprit et sa culture uniques en tant que référence pour que les entrepreneurs de la technologie puissent exceller.
Se différenciant du reste du monde, l'éthique de la Silicon Valley repose sur le défi de "penser plus grand", la conviction que "le ciel est la limite" et la culture de "penser positif et agir". L'objectif est de poursuivre sans relâche son "moonshot", où le seul moyen de réussir est "d'aimer le problème" que l'on cherche à résoudre.
L'"état d'esprit et la culture" de la Valley mettent l'accent sur le développement de stratégies de travail et de réflexion hors des sentiers battus. L'idée est que si les entrepreneurs tech se mettent en tête de faire quelque chose, il n'y a aucune limite à ce qu'ils peuvent réaliser.
Le concept de la "culture de l'action" fait également partie intégrante de l'éthos de la Silicon Valley. Il repose sur la conviction que passer à l'action est le seul moyen d'atteindre ses objectifs. L'idée est de travailler dur, d'être agile et de ne jamais abandonner face à l'adversité ; même si le succès n'est pas garanti, les actions entreprises pour l'atteindre sont toujours récompensées. Tout est possible et l'échec n'est pas forcément la réponse finale ni un problème qui entrave une carrière. L'échec fait partie du processus, il doit servir.
Le concept de "moonshot" est également un thème récurrent dans la culture de la Silicon Valley. Il renvoie à l'idée de s'attaquer à des tâches apparemment impossibles. Il incarne la mentalité de la Valley : il faut repousser les limites du possible et défier le statu quo.
Art de la communication
L'art de la communication dans la Silicon Valley est un sujet intéressant à explorer. Le succès et l'influence de la région sont largement attribués au style de communication unique des speakers et des entrepreneurs.
Les grands orateurs de la Silicon Valley ont quelques points en commun. Pour commencer, la plupart d'entre eux parlent lentement et de manière très posée. Parler lentement permet à l'orateur de présenter efficacement les messages et idées essentiels de la conversation, et de laisser suffisamment de temps à l'auditeur pour absorber.
Les arguments, les idées sont souvent présentés d'une manière simple et basique, évitant les complexités qui peuvent compliquer les échanges.
Durabilité
La durabilité dans la Silicon Valley est un domaine d'intérêt majeur, et un nombre croissant de start-up émergent pour essayer de trouver des solutions technologiques.
Malgré la prolifération des start-up et des discours sur le sujet, il existe un contraste marqué entre les start-up qui se concentrent sur les mesures de durabilité et les communautés locales de la Silicon Valley qui au quotidien ne la pratiquent pas. Par exemple, les tours de San Francisco sont claires de leur pleine lumière à tous les étages durant toute la nuit.
Pour de nombreux entrepreneurs de la Silicon Valley, la durabilité n'est pas une fin en soi, mais plutôt une opportunité de faire du business où les solutions technologiques sont considérées comme un moyen de résoudre les problèmes de durabilité de la planète.
Une ville vide
La Silicon Valley est connue pour sa culture de start-up dynamique, permettant aux esprits créatifs de se réunir pour créer de nouvelles idées ou repousser les limites de la technologie dans un environnement inspirant. Cependant, cela a radicalement changé, les bureaux de la Silicon Valley sont vides en raison du passage au remote suite à la pandémie.
L'ampleur de ce changement peut être vue par l'image que renvoie San Francisco : la ville semble vide. Certaines personnes rencontrées la comparent à une ville fantôme, par contraste à ce qu'elle était avant la pandémie : elle était bruyante, elle est devenue silencieuse, elle était pleine de vie, elle en est dépourvue.
Ce vide soulève une question importante, l'innovation va-t-elle perdurer dans la Silicon Valley. Ne sommes-nous pas à un croisement ? L'écosystème de la Silicon Valley ne le croit pas. Pour cet écosystème, l'endroit saura se réinventer. L'éternel optimisme peut-il devenir un aveuglement ?
Ce vide peut aussi avoir un impact sur la motivation à rejoindre cette région. Il est difficile de vivre une expérience riche dans une ville fantôme et à travers des bureaux peu fréquentés. Les personnes installées sur place depuis longtemps qui ont déjà leur réseau en place ne le ressentent pas, mais les newcomers en pâtissent.
Remerciements
Merci à toutes les personnes qui ont rendu cette learning expedition si enrichissante : Agnes Penaud, Alexis Dupuydauby, Alexis Uzan, Ambroise Pette, Arnaud Schneider, Benjamin Faes, Blaise Bertrand, Celine Heller, Christian Forthomme , Clemence Fischer, Cyprien Falque, Eric Foucaud, Fabien Pessot, Franck Dupin, Franck Zerbib, Francois Guyonvarh, Gontran Peubez, Jean-Francois Penciolelli, Jean-Marc Frangos, Jérome Daniel, Naji Ghorra, Oriane Van Westerlaak, Patrick Aisenberg, Paul Carrasco, Philippe Kervran, Philippe Toulorge, Racha Abu el Ata, Rona Loaec, Sara Pavan, Siddharta Chatterjee, Stéphane Rousseau, Valerie Millet, Walter Cappilati, Yannick Fhima.